Pourquoi les patients néerlandais utilisant du cannabis médical préfèrent l’autoculture à la pharmacie

Pourquoi les patients néerlandais utilisant du cannabis médical préfèrent l’autoculture à la pharmacie

Depuis le 1er septembre 2003, le cannabis médical peut être prescrit légalement aux Pays-Bas, mais la grande majorité des patients préfèrent se le procurer via l’autoculture ou les coffeeshops. Nous explorons les raisons de ce choix dans cet article.

Les chiffres du cannabis médical aux Pays-Bas

Selon les données fournies par l’Institut Trimbos en 2023, 130 000 patients utilisent du cannabis à des fins médicales aux Pays-Bas. Parmi eux, moins de 7 000 se le font prescrire par un médecin. La plupart se tournent donc vers d’autres sources, comme les coffeeshops ou la culture personnelle.Cela représente seulement 5,38 % des patients néerlandais qui obtiennent leur cannabis en pharmacie. Autrement dit, 94,62 % n’y ont pas recours.Pour mettre les choses en perspective : le pays compte environ 1,1 million de consommateurs de cannabis, d’après les données de la Nationale Drug Monitor 2025. Les Pays-Bas ont un peu plus de 18 millions d’habitants.

Cultivation de Cannabis médicale Cultiver du cannabis à domicile aux Pays-Bas n’est pas sans risque

Beaucoup pensent à tort que le cannabis est légal aux Pays-Bas et qu’on peut le cultiver librement pour son usage personnel, mais ce n’est pas le cas.

Depuis 1976, les Pays-Bas distinguent légalement les drogues douces (cannabis) des drogues dures (héroïne, cocaïne, ecstasy, etc.). Le cannabis est décriminalisé : il reste interdit, mais dans certains cas, aucune sanction n’est appliquée.

Concernant la culture, le site Overheid.nl est clair :«La culture de plants de cannabis est interdite. Avec un maximum de 5 plants pour usage personnel, la police confisque simplement les plants. Au-delà de 5 plants, la police peut poursuivre le cultivateur.»Mais ce n’est pas toute l’histoire. Depuis le 1er janvier 2013, une directive plus stricte de la loi sur l’opium est en vigueur.

Pour la culture domestique, la « liste d’indicateurs relatifs au degré de professionnalisme » en annexe de cette directive est déterminante. Si vous remplissez deux critères ou plus de cette liste, la police et la justice vous considèrent comme un cultivateur professionnel, quel que soit le nombre de plants. Les directives précisent littéralement :« Si, indépendamment du nombre de plants, deux ou plusieurs points de la liste d’indicateurs relatifs au degré de professionnalisme (annexe 1) sont remplis, on présume que l’activité est professionnelle ou commerciale. »La liste des indicateurs est disponible ici.

Si la culture est jugée « à des fins lucratives » (c’est-à-dire pour la vente), une poursuite pour culture professionnelle ou commerciale s’ensuit également, quel que soit le nombre de plants. Il en va de même pour toute culture par des mineurs.

Logements sociaux, maires et tolérance zéro

Au-delà des poursuites pénales, les cultivateurs en logement social risquent l’expulsion si une culture de cannabis est découverte. Presque tous les contrats de location contiennent une clause donnant ce droit très large aux bailleurs sociaux.Grâce à la loi Damoclès (article 13b de la loi sur l’opium), les maires peuvent aussi fermer des habitations où des plants de cannabis ont été trouvés, sans intervention d’un juge ou du parquet. En pratique, les maires appliquent souvent un seuil de cinq plants ou cinquante grammes de cannabis séché. Dans la province de Zélande, par exemple, plus de cinq grammes suffisent pour fermer une maison ou un autre bâtiment pendant deux ans maximum.
 
Les critiques sociales et scientifiques contre ces expulsions pour un petit nombre de plants augmentent, mais pour l’instant, de nombreux maires et bailleurs appliquent une politique de « tolérance zéro », quelles que soient les souffrances causées.Il y a une exception : le patient VIH Rudolf Hillebrand est autorisé depuis 2016 à cultiver son propre cannabis médical.

Culture de Cannabis médicale Les patients néerlandais préfèrent quand même l’autoculture à la pharmacie

Malgré tous ces risques, une immense majorité de patients néerlandais choisissent clairement de les prendre plutôt que d’acheter en pharmacie.
 
Cela en dit long sur les lacunes du système de santé néerlandais, qui détient encore le monopole de la production de cannabis médical. Une seule entreprise, Bedrocan, est autorisée à le cultiver pour le Bureau du cannabis médical, qui approvisionne ensuite les pharmacies.
 
L’une de leurs variétés phares est Bedrocan®, une fleur médicale irradiée aux rayons gamma contenant 22 % de THC ; il s’agit en réalité de leur version stabilisée de la souche Jack Herer (vous pouvez en lire plus dans ce PDF où ils le reconnaissent)
 
Nous proposons chez Suzy Seeds une Suzy's Confidential, mais aussi une Critical Jack et une Critical Jack Auto, que vous pouvez commander et cultiver vous-même – sans irradiation gamma. L’irradiation gamma est une technique de stérilisation souvent utilisée sur le cannabis médical pour respecter les normes pharmaceutiques strictes, en éliminant les contaminants microbiens comme les moisissures, bactéries et champignons.
Cela est jugé nécessaire car le cannabis, produit agricole, est sensible à la contamination, ce qui peut être dangereux pour les patients immunodéprimés.
 
Si elle élimine bien ces contaminants, elle provoque aussi une légère réduction des terpènes, surtout les plus volatils (comme le myrcène, le cis-ocimène et le terpinolène).
Certains patients trouvent que le cannabis irradié a une odeur moins intense, un goût différent ou une texture plus sèche, souvent attribué à cette petite perte de terpènes et à une légère diminution d’humidité.On comprend facilement pourquoi les patients néerlandais non immunodéprimés préfèrent cultiver leur propre cannabis médical.

Le cannabis médical dans l’Union européenne

Plusieurs pays de l’Union européenne permettent la prescription de cannabis médical : les Pays-Bas, la Belgique (de façon limitée), l’Italie, l’Allemagne, la Pologne, la République tchèque, le Danemark et, via un programme pilote prolongé jusqu’en 2026, la France. L’Espagne a rejoint la liste en octobre 2025, mais de manière très restreinte. En 2022, on comptait environ 342 000 patients cannabis dans l’UE, selon un rapport.

C’était avant la légalisation en Allemagne, où le nombre de prescriptions a explosé. En 2025, l’Allemagne compte à elle seule entre 500 000 et 600 000 patients payant leur cannabis médical de leur poche.Malheureusement, la culture à domicile pour raisons médicales n’est légale nulle part dans l’UE.

Le plus proche de cela est la ville de Tilburg aux Pays-Bas, qui a (temporairement) fixé des règles claires pour les patients souhaitant cultiver chez eux à des fins médicales, à condition d’avoir un certificat médical et de respecter des normes de sécurité. Mais il s’agit d’une exception locale, pas d’une loi nationale.

En revanche, la culture à titre récréatif est légale à Malte, au Luxembourg, en Allemagne et, à partir du 1er janvier 2026, en République tchèque. Libre à vous, bien sûr, de l’utiliser pour des raisons récréatives… ou médicales.



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